Tandis que l’on compte en France seulement 14 % de dirigeantes dans les entreprises classiques, 26 % des sociétés coopératives en Occitanie (côté ex territoire Midi-Pyrénées) sont dirigées par des femmes. Un chiffre qui prouve que dans le domaine de l’économie sociale et solidaire, les femmes trouvent davantage leur place et partagent les valeurs, notamment dans le mode de management, plus participatif et égalitaire. En effet, le modèle de gouvernance démocratique joue un rôle dans l’accession des femmes aux postes à responsabilité et favorise aussi une meilleure parité homme/femme au travail, comme en témoignent Yokwé Films, Écoumène Architecture, La Maille au Personnel et Orque.
Retour sur ORQUE
ORQUE a été créée afin d’informer, former et accompagner les représentants des salariés dans les entreprises. Notre Scop a été agréée par le Ministère du travail comme experte sur les problématiques de santé, sécurité et Conditions de Travail depuis une dizaine d’années.
Agnès Dofny, la gérante, se souvient « J’étais alors en congés maternité pour mon 4ème enfant et mon employeur, un gros cabinet d’experts comptables et commissaires aux comptes spécialisé dans les missions dédiées aux comités d’entreprises, souhaitait mettre fin à notre « collaboration ». Convaincue de l’utilité d’agir sur le terrain des relations sociales et ayant croisé la route d’un juriste féru en droit du travail, nous avons rapidement décidé de créer notreactivité. Une rencontre avec un chargé de mission du Conseil Général (M. Valentino), m’a informée de l’existence d’entreprises fonctionnant sous statut Scop. En me renseignant sur cette forme d’entreprise, je me suis très vite rendu compte que l’objet de notre future entreprise correspondait parfaitement avec ce statut. Nous avons eu la grande chance de rencontrer Pierre-Georges Juskiewenski, alors chargé de mission à l’URSCOP, qui nous a accompagné dans la création de ce qui est devenu ORQUE, sans chercher à nous décourager au motif que nous nous créions hors de tout parrainage ou soutien syndical. Ayant investi l’intégralité des indemnités prud’homales et ce que nouspouvions mobiliser pour le démarrage de la Scop, l’aide apportée par le Conseil Général a permis de doubler notre apport, ce qui a renforcé notre trésorerie et nous a permis de traverser nos trois premières années. C’est la seule subvention que nous ayons touchée, notre chiffre d’affaires repose sur les prestations que nous proposons. Il a fallu batailler longtemps pour survivre et ne pas lâcher. »
ORQUE fait intervenir aujourd’hui 13 collaborateurs dont 5 sont associés. « La complémentarité de nos domaines de compétences nous permet de traiter des problématiques variées, de croiser différentes approches et analyses telles que celles apportées par des juristes spécialisés en droit du travail, experts comptables et commissaires aux comptes, experts auprès des CHSCT, ergonomes et psychologues du travail, analystes économiques et financiers. Toutes nos formations sont agréées, et les expertises produites dans les domaines de l’hygiène, la sécurité et les conditions de travail sont suivies chaque année par le Ministère du Travail. »
Son chiffre d’affaires suit une progression régulière qui oscille entre 10 et 30% l’an avec un taux de rentabilité à deux chiffres ces dernières années, ce qui lui a permis de poursuivre son développement et d’ouvrir une agence à Paris, ainsi qu’un bureau à Lyon. La Scop aborde de l’intérieur des entreprises de tous secteurs d’activités (sous -traitants informatiques dans les domaines de l’aéronautique et du spatial, toute société prestataire de services, grande distribution, BTP, agroalimentaire, le secteur de la santé, du sanitaire et social…), et de toutes tailles.
« Nous avons entamé une réflexion sur le saut de génération afin de pérenniser ORQUE, et la qualité de services à laquelle nous sommes très attachés et qui fidélise nos clients. La transmission de la gouvernance est une étape délicate. Notre plus jeune associée, spécialiste en droit du travail et investie depuis 14 ans dans la coopérative, réalise actuellement un bilan de compétences approfondi afin de prendre en compte tous les paramètres de ce nouveau challenge. Car nous avons à cœur depuis le départ d’apporter la meilleure qualité de prestation à nos clients tout en respectant nos vies personnelles. »
Depuis 25 ans, ORQUE s’est donné pour objet de contribuer à la mise en valeur des ressources humaines à travers un dialogue social réel et un partenariat impliquant tous les acteurs.
Sa dénomination sociale, d’Organisation de Recherche pour la Qualité de l’Emploi en Europe, affiche l’ambition d’apporter une contribution significative aux entreprises dans lesquelles la Scop intervient.
Sa signature, Entreprise et Salariés, indique sa volonté de mettre en valeur le rôle des femmes et des hommes, quelle que soit leur pl ace et leur action au sein de l’Entreprise. Ils sont, non pas les « ressources » (humaines) de l’Entreprise, ils sont l’entreprise elle-même.
« Selon moi, il y a 2 sortes d’entrepreneurs : les conscients et les inconscients ! Moi-même je fais partie des inconscients, je ne mesurais pas à nos débuts tous les leviers qui allaient être engagés. À mes convictions personnelles portant sur le sens de la prestation, la réactivité, l’engagement, se sont ajoutés stress et fatigue au quotidien. Notre force, c’est d’être un collectif basé sur l’entraide. Comme souvent dans les entreprises de services, nous travaillons au fil des demandes et avons peu de temps pour partager nos situations respectives, mais nous sommes attentifs à chacun et savons interagir en cas de situation difficile à gérer. »
Une personne qui m’a amenée à ce que je fais aujourd’hui ?
« Mon père sans doute, qui était engagé dans le secteur de la sidérurgie. Depuis que je suis toute petite, je baigne dans les discussions portant sur l’engagement et le militantisme. Un milieu de travail au départ très masculin. Mais peu à peu, on a assisté à l’évolution de la définition des instances de représentation du personnel. Ainsi des femmes ont commencé à être cooptées à des postes de secrétaire d’instances de comité d’entreprise et/ ou de CHSCT. Contrairement à ce que pouvaient imaginer les hommes qui le plus souvent les élisaient, il ne s’agissait pas (seulement) de fonctions de secrétariat administratif consistant à taper les PV de réunions !
Chaque fois que nous croisons une nouvelle élue du personnel, nous lui portons une attention particulière afin de sécuriser son apprentissage en tant que pilote d’instance du personnel ; un vrai challenge de sportive de haut niveau quand il s’agit de se former au fonctionnement de l’instance, construire les ordres du jour des réunions avec le dirigeant, tenir une réunion et parler en public, animer l’équipe d’élus et tâcher de concilier vie professionnelle et vie personnelle. Un vrai défi et beaucoup de satisfaction, et parfois de désillusion, de constater le chemin parcouru quelques années plus tard.
C’est ainsi tout naturellement que notre coopérative porte également le projet de faire reconnaître le mandat d’élu en parcours de validation de compétences, réflexion menée de pair avec l’Université de Paul Sabatier. Et tout aussi naturellement nous participons à la vie du mouvement des Scop ! » – Agnès
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